Livre du mois


Bernard Bretonnière, Inoubliables et sans nom
éditions l'Amourier, 2009




Ce livre renvoie aux impressionnistes pour la part qu’il accorde à l’instant, à la fugacité du moment, à la vitesse ou la brièveté de l’exécution qui fait resplendir la touche. 
Les textes de Bernard Bretonnière sont comme des touches qui s’amoncellent ; elles construisent un paysage de la quotidienneté où d’aucuns se retrouvent de l’intérieur ou de l’extérieur, du regardé ou du regardant. Des choses, des êtres, surtout des êtres, happés ici où là, vus, entendus, frôlés, touchés, vibrent et convergent en la fluidité sensible de la plume qui les trace. Car leurs présences s’enflent des échos délicats, érotiques, humoristiques ou attristés de l’auteur. 


Extrait :

Elle fut ma jolie voisine au concert. J’appris son parfum, sa respiration et son visage dans la pénombre. Contre ma jambe, je sentis sa jambe, qu’elle ne déroba pas. De temps en temps j’accentuais la pression, elle tenait bon et le cœur me cognait. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, sitôt les applaudissements, elle s’est levée sans un regard pour moi, elle partit vite, j’étais encore assis et sa jambe restait : un poteau métallique soudé entre nos sièges.

Second extrait :

Tu avais dû te dire : je peux bien les mettre, mes chaussettes 
blanches dont les talons sont rouges, elles sont immaculées au 
niveau des chevilles et le reste ne se voit pas… Mais de la façon 
dont tu te tiens assis, les pieds levés sur la pointe, qui forcent
tes chaussures jusqu’à les faire bâiller par l’arrière, je ne vois 
que ça, les talons rouges de tes chaussettes blanches, parce que,sans doute, tes satanées chaussures n'en finissent-elles pas de déteindre. Et ce sont tes chaussettes tachées qui, à moi, te rendent sympathique.






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Voici un bel article paru dans le journal l'Humanité du 23 février 2012. 



CULTURE -  le23 Février 2012
Poésie

La révolte permanente de deux Catalans

Mots clés : poésie,
Les mots de Pey et les peintures de Jorda pénètrent Rivesaltes, où furent parqués les républicains espagnols.
Les Poupées de Rivesaltes, de Serge Pey et Joan Jorda. Quiero Éditions, 22 euros. Serge Pey, l’homme de la poésie-action, des bâtons à parole levés contre toutes les injustices, tous les enfermements, et Joan Jorda, peintre, sculpteur et graveur dont l’œuvre est toute emportée par la force d’une « révolte permanente » à l’égard du cours du monde. Tous deux catalans « retirés » à Toulouse. La « Retirada », rappelons-le, fut ce moment du temps qui jeta les républicains espagnols sur les routes de l’exil et dans « les camps gardés par l’armée française », tel que celui de Rivesaltes en Roussillon.
Pour faire tresse, il faut un troisième homme. Ce sera ici le metteur en pages des jeunes éditions Quiero, basées à Forcalquier (04), Samuel Autexier, que je voudrais saluer pour cette mise en rythme qui du passé fait table mise pour la joie d’une cène athée, d’une « éternité / sans lendemain », celle de « l’anarchie qui est la joie du poème » quand le poème est arrachement à la « doxa de l’idiotie intellectuelle », insoumission à la langue qui carapaçonne l’opinion, à la communication, cet ennemi le plus sournois dont parlait René Char.
Mise en rythme qui au moyen d’une typographie très originale, toute en noir et rouge, juxtapose le poème de Serge Pey, les Poupées de Rivesaltes, à des textes et des lettres adressées à Joan Jorda sur la peinture, le poème et leurs enjeux, tout en faisant jouer ces mots avec les reproductions d’une vingtaine d’encres sur papier de Joan Jorda. Mise en rythme qui conspire contre la pétrification de la parole et libère le temps où peut s’entendre la voix de ceux qui ont « perdu la guerre et la république », voix des « vaincus qui ont eu raison » et qui fait que « leur défaite (sera) plus grande que leur victoire ».
Il y a une colère rouge et noire dans ce livre. Elle court et se dresse dans ses pages, c’est celle de toutes nos « victorieuses défaites », écrit Serge Pey.
Il y a du désespoir dans les dessins et la peinture de Joan Jorda, œuvre toujours habitée par des êtres vivants, hommes-animaux aux corps douloureux comme il y a du désespoir dans les poèmes de Serge Pey, un désespoir qui sans espérance aucune fonde pourtant un espoir, celui d’un « présent éternel » et qui au bonheur préfère la joie qui éclate toute dans « l’éternité des moments ».
Dans ce livre, vous en verrez deux qui tapent du pied, l’un en écrivant ses textes qui seront proférés lors de telle ou telle mise en action ; l’autre en dessinant et peignant « ce qui reste quand on s’est débarrassé de tout ce qui est beau ».
Ici, vous entendrez ceux qui s’efforcent encore et toujours de « trouver l’homme à l’intérieur de l’homme ». De quoi trouer l’actualité du 
moment, non ?
Alain Freixe

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Pour commencer cette année 2012 par de bonnes nouvelles le Bruit des abeilles vous présente le dernier livre paru aux éditions Quiero : Trois typographes en avaient marre de Guy Lévis Mano. Ce texte dont l'auteur en fut également l'éditeur et l'imprimeur a été édité une première fois en 1935 puis réimprimé en 1967. Guy Lévis Mano ne souhaitait pas que ce livre qui décrit l'ambiance de l'atelier soit l'objet d'une réédition à l'identique.  L’occasion pour Samuel Autexier et Philippe Moreau de travailler sur nouvelle mise en forme typographique. Un défi qui va être l'objet de plusieurs expositions dont les dates vous seront communiquées prochainement par le Bruit des abeilles.

Avant de vous faire partager quelques extraits de ce long poème et de faire place à  ces trois typographes qui n'en ont "pas marre d'en avoir marre", laissons la parole à ce journaliste du Monde diplomatique qui s'est intéressé au travail des éditions Quiero. 







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Editions Plaine Page
Collection les Oublies








La collection Les Oublies a été conçue pour les poètes qui fabriquent et les plasticiens qui écrivent. Entre calepin et cahier, Les Oublies sont des petits poèmes glissés dans des cornets, façonnés un par un à la main et offerts à la dégustation du lecteur.
www.plainepage.com





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Collection Récidives







Ce moi-ci c'est une collection que l'on met à l'honneur. Les Récidives sont les livres de poche du Mot fou éditions. Consacrée à la nouvelle, cette collection permet de faire un véritable travail de réédition autant qu'une mise en avant de nouveaux auteurs. 


Mais laissons parler l'éditrice qui est la mieux placée pour décrire cette collection à mettre dans toutes les poches :  des petits prix, des textes brefs, des chutes à tomber à la renverse !


Pour en savoir plus : lemotfou.com




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Mois de juillet : Mister Tock, Jean-Luc Coudray, éditions L'Amourier, 2010. Pour commander le livre écrivez à cette adresse : lebruitdesabeilles@gmail.com

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La méditation de Mister Tock


Mister Tock passait de longues heures en méditation, le corps transformé en grenouille, accroupi dans son fauteuil, avalant l’air comme de l’eau, réduisant sa conscience à celle d’un prédateur opportuniste qui gobe tous les bruits alentour. Un témoin pouvait repérer la vie du batracien à la palpitation de la glotte tout en souffrant de la manière dont le complet veston, très cher, était froissé par une position asociale. Les après-midi s’écoulaient ainsi, Mister Tock n’étant qu’une pellicule sensible, un buvard se modifiant en fonction de la lumière. Son épouse, soucieuse que sa méditation ne l’assèche, humidifiait sa veste avec une machine à vapeur. […] Les yeux de Mister Tock cillaient arithmétiquement, interdisant toute appréhension de sa logique intérieure. Il avait cette patience du reptile qui, maigre de longues semaines sans gibier, ne perd jamais la foi. Cette absence de doute, quasi corporelle, le transformait en figurine. Il rejoignait cette existence des objets dont l’immuabilité prépare l’esprit aux concepts. Sa peau, aussi blanche que l’intérieur d’un coquillage, s’irisait des changements de lumière. […] Des enfants pouvaient en faire un arbre. Les chiens des amis ne le percevaient pas, indifférents à l’ordre. Le soir il avait cependant faim, marquant qu’il avait travaillé. Un lui demanda un jour si ses pratiques méditatives avaient pour objet la recherche de la liberté.
« C’est le contraire. » répondit Mister Tock.
À l’insistance de l’ami, il expliqua :
« Le libre arbitre n’existe que dans le conflit intérieur. Quand nous hésitions entre deux désirs, seule la liberté peut trancher. Par contre, quand nous vivons dans l’évidence, à quel moment avons-nous besoin d’exercer une liberté ? L’homme est libre. Mais s’il devient heureux, il se débarrasse du fardeau de la liberté. » 




Jean-Luc Coudray, Mister Tock,
L'Amourier éditions,  Coaraze,  
2010, pp 75-76



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Ce récit de Jean-Luc Coudray développe avec une logique implacable mais non dénuée d’humour les expériences d’un homme animé d’une curiosité qui l’engage à penser le monde dans lequel il vit selon une dialectique toujours surprenante.Pour être parfaitement respectable, Mister Tock s’affuble de tous les attributs du gentleman anglais. C’est donc avec flegme et comme par distraction, qu’il traverse les murs, lévite tel un hélicoptère, gravit l’Everest en chaussures de ville ou se transforme en bactérie. Sa capacité expérimentale est sans limite mais il peut aussi simplement philosopher ou se laisser aller aux divagations poétiques de promenades non planifiées. Mystique sans croyance et homme imprévisible, il doit son unité à la finition exemplaire de son complet veston rigoureusement British qui en fait un sphinx contemporain.


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Le Poisson

Un poisson frappa à la porte de Mister Tock.
Il était vêtu d'un complet bleu marine, cachait mal son humidité et agitait ses nageoires à toute vitesse comme pour redonner à l'air la densité de l'eau. 
Sa grande bouche en manque lui adressa la parole.
" J'aimerais vous parler, dit-il.
-Entrez, je vous en prie !" dit Mister Tock.
Il sautilla jusqu'au plus grand fauteuil et s'y laissa choir. Pour regarder, il était obligé de présenter son profil. Le poisson se plia sur le fauteuil et sa souplesse fit horreur à Mister Tock.
Il demanda à boire. Mister Tock lui apporta un verre.
"Que vous est-il arrivé ? lui demanda-t-il.
- J'étais poisson, dit-il, et je suis né.
- Ce qui explique cet affreux complet veston ?
- Oui.
- Vous souvenez-vous de votre naissance ?
- Non.
- Etes-vous sûr qu'elle ait réellement eu lieu ? 
- Vous voyez bien que je suis habillé ! dit-il.
Il demanda à changer de fauteuil. Mister Tock lui en indiqua un autre. Mais tous les fauteuils lui asséchaient le corps.
Il se leva. Sa bouche avalait de l'air. Il demanda encore de l'eau.
Par pitié, Mister Tock remplit la baignoire. Il soutint l'animal jusqu'à la salle de bain. Le piscidé se déshabilla et se laissa glisser dans l'eau.
A ce moment, Mister Tock lui plongea la tête sous l'eau. La bête se débattit vigoureusement, mais Mister Tock maintint son effort pendant cinq minutes pour être certain de la noyer.
Au bout de trois cents secondes, le corps de l'animal se détendit et Mister Tock n'avait plus, dans sa baignoire, qu'un énorme poisson qui nageait tranquillement.


Jean-Luc Coudray, Mister Tock,
L'Amourier éditions,  Coaraze,  
2010, pp 49-50


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Ci-dessous un premier extrait de Mister Tock.


La femme sans peau
                                           
Depuis plus d’un mois, la femme de Mister Tock n’avait plus de peau. Elle s’était un jour débarrassé, par caprice, de cette enveloppe de camouflage, refusant de dissimuler son fonctionnement interne. Bien entendu, elle était devenue intouchable.
Elle dormait en apesanteur, marchait du bout des pieds et n’avait plus de graisse. Elle s’asseyait sur le bord des chaises et ne se lavait jamais. L’appartement était continuellement chauffé et Mister Tock traquait les courant d’air.
Lorsque Madame Tock mangeait, on pouvait suivre un cours de digestion. Lorsqu’elle pensait, la pièce s’éclairait d’arcs électriques.
Le visage de Madame Tock n’était plus qu’un roulus de muscles entortillés. Avec un peu d’entraînement, on parvenait à associer certains nœuds musculaires à certaines émotions. Le sourire, par exemple, engageait une collaboration de tendons qu’un regard exercé finissait par déchiffer. […]
Bien que l’abscence de peau imposât une distance relationnelle, certains organes acceptaient néanmoins le contact. […]
Un jour, Mister Tock osa toucher au cerveau. Déclanchant ainsi, par simples pressions, d’incroyables gammes dans la conscience de sa femme, il se sentit une âme d’explorateur. A la manière d’un enfant qui découvre un ordinateur, il fouilla les possibilités de son nouveau jouet. Toutes les richesses de la vie, de la réflexion, ceux encore de l’action furent débusqués en imposant à l’organe le jeu des dix doigts. Bien entendu, Mister Tock fut diversement inspiré. Son épouse lui reprocha, certains jours, de la faire tourner en rond, voire de la précipiter dans l’horreur. […]
De temps en temps Mister Tock poussait la porte du laboratoire famillial et soulevait le couvercle de la machine qui conservait la peau de son épouse. Nourri de perfusions, l’épiderme, afin de conserver sa forme initiale, avait été farci d’une baudruche reproduisant grossièrement la silhouette de Madame Tock. […]
Un jour, Mister Tock, lassé de son épouse organique, visita en secret le laboratoire. Alors qu’il entreprenait un acte d’adultère sur le pantin épidermique, il s’aperçut, un peu tard, que sa femme avait choisi de reprendre sa place.
Elle se découvrit soudain dans la peau d’une maîtresse.


Jean-Luc Coudray, Mister Tock,
L'Amourier éditions,  Coaraze,  
2010, pp 17-19



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Manon Moreau

Le vestibule des causes perdues

éditions Delphine Montalant




Un retraité, un joueur de guitare, un cow-boy, un exégète de Claude Simon, une brunette maigrichonne, un taiseux, une grande bourgeoise fatiguée, un gars que la vie un jour a pris pour un punching-ball… C'est l'histoire de gens qui dans leurs existences urbaines n'avaient aucune chance de se croiser, mais qui tous, un jour, chaussent de grosses chaussures, enfilent un sac à dos, et mettent le cap vers les confins de l'Espagne, le bout du monde, la fin de l'Europe : Saint-Jacques-de-Compostelle. C'est le contraire d'un roman initiatique, ceux qui le parcourent ont leur vie parsemée de tragédies étouffées dans le silence.
Loin des sentiers battus de l'optimisme naïf, Manon Moreau nous livre un premier roman généreux et source de méditation pour chacun d'entre nous.




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Voici un premier extrait du Vestibule des causes perdues de Manon Moreau. Nous sommes au début du roman et le lecteur rencontre Clotilde.

"Clotilde se mordit les lèvres. Elle avait quarante-sept ans, et il lui semblait parfois que ses principes - qui n'étaient pas les siens, mais ceux d'une éducation bourgeoise d'un autre temps - lui servait de corset. Un corset si serré qu'il lui rentrait dans la peau. L'abîmait. Et peut-être bien que la solitude venait de là, elle aussi. Du corset.
Clotilde sentit son ventre se serrer. Elle respira profondément. Les derniers kilomètres sont trop pénibles pour autoriser des surcroît des pensées lourdes comme du plomb à se greffer sur la marche. Elle accrocha son regard à la grosse commanderie templière où elle dormirait ce soir. Le Sauvage. Une oasis de granit posée au milieu des pâturages. Et qui semblait attendre les pèlerins depuis des siècles. Déjà Clotilde sentait l'ombre, l'odeur de l'ombre contre les murs épais. Elle laissa des pensées anodines et légères lui courir l'échine.
[...]
Qu'est-ce qui marche sur quatre jambes le matin, deux le midi, trois le soir ?
Le pèlerin.
Le pèlerin qui se traîne hors de son lit à l'aube, à quatre pattes à cause des courbatures. Qui frais, dans la journée, se passe de son bâton, avant de s'en remettre totalement à lui comme à un radeau le soir.
Q'on ne me fasse pas croire qu'un kilomètre a la même longueur à six heures du matin et à six heures du soir. Les kilomètres rallongent au cours de la journée. Bravo ma vieille, voilà une pensée brillante.
Son amie Rachel avait dit : tu verras, ce pèlerinage va changer des choses en toi, profondément. Tu vas te découvrir, tu vas penser des choses nouvelles, sur ta vie, sur la vie... Effectivement. Ça commençait très fort."


Le Vestibule des causes perdues, Manon Moreau,
éditions Delphine Montalant, 2010, p. 25-26.



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Voici un second extrait du Vestibule des causes perdues de Manon Moreau. Les pèlerins s'arrêtent à Auvillar (Tarn et Garonne) pour la nuit.

"Sofia et Henrique étaient partis faire des emplettes en ville, quelques pèlerins papotaient dans le jardin, d'autres cassaient la croûte. Mara était assise dans l'herbe, se massait les pieds, dévisageait ce jardin qui semblait tenir en hauteur par miracle. Bientôt Clotilde arriva, proposa à Mara de partager une machine à laver, (grand moment de communion entre pèlerins, le partage de la machine à laver) et dit, c'est l'anniversaire d'Henrique, il faudrait faire quelque chose, qu'en penses-tu ?
Mara dit, je suis désolée, les fêtes, les anniversaires, je suis nulle, je ne sais pas faire.
Mais Clotilde s'affairait déjà, et Mara compris que le "qu'en penses-tu ?" était purement rhétorique et, par conséquent, ses réticences inutiles. 
[...]
Dans l'entrée elle [Mara] croisa Le Breton qui venait d'arriver, le salua, et fila prendre sa douche, vider le lave-linge, étendre sa lessive et celle de Clotilde dans le patio, gribouiller dans son carnet de bord que ce chemin l'emmenait où elle n'avait pas imaginé aller, vraiment. Et qu'elle avait trouvé Sept Lieues, c'était bien, cet homme étrange dont elle se sentait familière. Tous les deux encombrés par le monde, encombrés d'eux-même. Sept Lieues par son corps, ses bras ballants, ses yeux jamais satisfaits de ce qu'il voyait, et Mara débordée par la vie, le passé qui ne passait pas, par son corps maigre, aussi.  [...] La marche effaçait. Réconciliait. Le chemin consolait les corps et les âmes. 
Quant au passé... Il passe. A petits pas. Mais il passe. Comme les chagrins, il s'efface, flouté par la poussière du chemin."


Le Vestibule des causes perdues, Manon Moreau,
éditions Delphine Montalant, 2010, pp. 179-180, 183.